Ou l’art de s’adresser à la bonne personne !

Le vouvoiement, une énigme ancestrale ?

Tout le monde est d’accord pour dire que le vouvoiement est une marque de respect.
Mais ses dérives en ont fait un instrument social permettant d’établir une hiérarchie subtile, voire de renforcer une distance entre les individus.

Derrière un simple « vous », se cache un monde de codes invisibles.

Son histoire fascinante

Même si son origine reste incertaine, le vouvoiement s’enracine entre les IIᵉ et Vᵉ siècles.

Les empereurs et les rois s’adressaient à eux-mêmes au pluriel pour marquer leur grandeur : Nous, souverain de ces terres…

Peu à peu, cette tournure s’impose dans la société médiévale comme formule de politesse et signe de reconnaissance sociale.
Le « tu », jadis universel, devient réservé à la sphère intime, à la famille, ou à ceux que l’on considère comme ses égaux.

Le paradoxe du « vous » : entre respect et distance

En général, nous vouvoyons la personne que nous rencontrons pour la première fois.

Mais pourquoi ?
« C’est ainsi ! » répondent souvent les adultes, les professeurs, ou les aïeux, lorsqu’un enfant pose la question.

Et patatras ! Voilà la grand-tante qui s’offusque parce que l’enfant la tutoie.

À la limite de la schizophrénie :

— Vous pouvez vous asseoir ici !
— Mais je suis seul !
— Asseyez-vous quand même !

C’est pourquoi le tutoiement, plus direct, rapproche les êtres et favorise des relations sincères et authentiques. Il reste d’usage de demander l’autorisation en amont.

Ma vision des choses

Lorsque je vouvoie quelqu’un, j’entends que je lui signifie : « je vous vois ».
C’est une façon d’honorer sa présence en lui signifiant la mienne à parts égales.

Alors que si je tutoie une personne d’entrée de jeu, l’inconscient pourrait entendre « je tue toi » — une contraction phonétique qui évoque une violence, une intrusion dans l’espace de l’autre sans y être invité.

Cette idée me ramène à une réplique du film Avatar, où le héros dit : « Je te vois. »

Dans le monde des Na’vi originaires de Pandora, cette phrase ne signifie pas « je te regarde » mais « je te reconnais dans ton essence ».
C’est un acte d’amour, une communion d’âme à âme.

Alors, soyez assuré que je vous vois

🌺 Le langage n’est pas seulement un outil, c’est une vibration.
Entre le jeu du « tu  et du vous » et du « je et du nous », il tisse le fil invisible qui relie les consciences.
Lorsque nos mots portent la bienveillance, chaque échange devient une rencontre authentique.