
Épices, vous avez dit épices ?
Le mot épice vient du latin species, qui signifie espèce — ou marchandise rare.
Avant l’arrivée de l’euro (et avant lui, du franc, de l’ancien franc, du denier, du sesterce… et j’en passe !), le sel (même s’il n’est pas une épice) et le poivre servaient parfois de monnaie d’échange.
Le sel, surnommé or blanc, et le poivre, or noir, faisaient alors figure de véritables trésors.
La fameuse facture salée…
Monnaie, monnaie, monnaie…
À cette époque, seuls les plus riches pouvaient s’offrir des épices, tant leur prix était élevé.
Le safran reste d’ailleurs l’épice la plus coûteuse au monde : il faut environ 170 000 fleurs de crocus sativus pour obtenir un seul kilo de stigmates !
Un véritable enjeu et une source de conflit entre apothicaires et épiciers, chacun voulant le pouvoir sur le commerce des épices.
Eh oui, avant les westerns et leurs règlements de comptes à OK Corral, il y avait déjà des “comptes d’apothicaire” !
Mais attention, tout ce qui brille n’est pas or : les faussaires de l’époque savaient déjà tromper les clients en mélangeant les précieuses poudres avec de la poussière ou d’autres graines bon marché.
Rien de nouveau sous le soleil !
Un peu d’histoire…
Les épices ont d’abord été utilisées pour leurs vertus tinctoriales et conservatrices : elles servaient notamment à embaumer les momies égyptiennes.
Le poivre fut rapporté d’Inde par les armées d’Alexandre le Grand vers 327 avant J.-C., lors de sa campagne sur les rives de l’Indus.
Plus tard, Pierre Poivre, célèbre intendant de l’Île de France (aujourd’hui l’île Maurice) et de l’île Bourbon (aujourd’hui La Réunion), fit délicatement subtiliser aux Hollandais des plants de muscadiers et de canneliers pour les acclimater sous d’autres cieux.
Un vrai James Bond botanique avant l’heure !
Mais ce ne sont que quelques épices !
Elle vous fera voir les étoiles : la badiane !
Retrouvez les traces de Malabar, au sud de l’Inde, pour la cardamome.
Laissez-vous dépayser à Ceylan grâce à la cannelle.
Apprenez à ne rien prendre pour acquis avec le laurier — ne vous reposez jamais dessus.
Découvrez ses boutons de fleurs : le clou de girofle.
Voyagez sous les tropiques avec le gingembre.
Mettez plus de feu dans votre vie avec le piment et le poivre.
Ou émerveillez-vous devant la beauté de sa couleur : le safran !
Leurs vertus
Dans vos petits plats, une dose raisonnable est recommandée. L’utilisation des épices disponibles en vente libre ne présente pas de danger. Mais la prudence reste de mise de manière générale surtout pour les enfants, les femmes enceintes ou allaitantes, et toutes personnes sous traitements médicamenteux.
En tisane, avant toute chose, il est essentiel d’en parler à votre médecin ou à votre pharmacien. Veillez également à respecter les posologies usuelles, car tout peut rapidement devenir toxique.
Votre dentiste pourra vous en dire plus sur les vertus du clou de girofle : il purifie l’haleine, favorise la cicatrisation et soulage les douleurs dentaires. (Attention tout de même à ne pas le croquer en cas de douleur !)
T’as vraiment un grain ?
Ah non ! Seule l’écorce de la cannelle est utilisée. C’est grâce à son arôme doux qu’elle réchauffe le corps — un hasard si elle parfume le vin chaud des marchés d’hiver ?
Et que dire des piments et de leur capsaïcine brûlante, qui titillent les muqueuses et réveille nos papilles (ou les enflamme, selon les tempéraments) ?
Et si oui, à la folie ! Car il vaut mieux l’apprécier, comme soi, en maîtrisant le côté obscur du poivre noir et des autres couleurs. Une fois moulu, le grain perd vite son arôme : rien ne vaut un bon vieux mortier pour le moudre à la minute ! Et une tendre pensée pour le moulin d’antan de nos grand-mères…
Éveillons nos papilles !
Les épices ne se contentent pas de mettre du goût : elles stimulent la satiété et permettent de réduire le sel ou le sucre dans nos plats.
• Le cumin sublime les fromages, surtout les frais.
• La cannelle aide à réduire les doses de sucre raffiné dans les desserts.
• Le mélange, c’est la vie : créez vos propres associations maison comme le Ras el-Hanout, le garam masala ou le curry.
Voyage, voyage…
• Le poivre noir de Tellicherry (Inde) offre une chaleur noble et boisée.
• Le cumin de Hollande parfume les fromages et les pains.
• Le curcuma colore les plats de l’Inde et d’Indonésie.
• La vanille de Madagascar ou de La Réunion fait chavirer les desserts.
• Le piment d’Espelette, lui, met le feu aux papilles basques !
Les épices éveillent nos sens et illustrent à merveille que tous les goûts et toutes les couleurs se trouvent dans la nature.
🌺 C’est aussi une invitation au respect. Et oui, attention où vous vous embarquez : en cas de surdose, certaines peuvent provoquer des troubles graves — jusqu’à la mort.
